Le rôle de l'Etat

Publié par André LELO di Mbumba

L’État, un acteur incontournable dans la coopération bilatérale,

multilatérale et décentralisée
 

            Dans la plupart des pays en développement, l’État est resté pendant longtemps l’acteur principal du développement. Le cas des pays dits du Tiers-Monde l’illustre bien : depuis leurs indépendances autour des années ‘60 pour le cas africain, c’est le système du pouvoir central qui a dominé. Ce système fut longtemps soutenu et encouragé par les pays développés du Nord, leurs anciennes métropoles, par les grands organismes internationaux (BM, FMI, AFD …) et les grandes entreprises multinationales. Les potentialités en ressources naturelles, souvent qualifiées d’inépuisables dans beaucoup de ces pays, la reconnaissance traditionnelle du pouvoir et de l’autorité de la part des populations ont presque rassuré l’option internationale de ce système centraliste.

            Il paraissait tard quand on reconnaissait que le processus du développement était mal parti pour ces pays. Est-ce dire que l’État y était complètement perdant, avec risque d’être désavoué et méconnu ? Où et comment se resitue son rôle incontournable, comment le redéfinir dans les nouvelles visions du développement dans ces pays ?

           À la suite de l’échec des conception et pratique du système centralisé, l’État dans les PED, déjà affaibli par l’effondrement du coût des matières premières (années ‘80) qui faisaient son euphorie, le nouveau courant de la coopération décentralisée, expérience du Nord, en l’occurrence de la France, sur la dynamique du vent de la démocratisation (années ’90 *, l’État est obligé d’une part de reconnaître la présence et le dynamisme prometteur des institutions intermédiaires plus proches de la base (S.C., ONG, Asso.), et d’autre part, sur pression et recommandation de ses mêmes « pères » internationaux, de revenir à ses fonctions traditionnelles de sécurité, de justice et de défense vis-à-vis des biens et personnes de la Nation.

         C’est vrai que les injonctions extérieures (facteurs exogènes) l’ont fort affaibli jusque parfois à être discrédité, injonctions entraînant assez souvent des effets pervers pour la population ; mais une bonne combinaison, un bon équilibre, une bonne « inculturation » des nouveaux apports de la coopération décentralisée, de la démocratie et de la mondialisation, redonne à l’État sa vraie place et son vrai rôle dans ces pays : rôle de suivi, de contrôle, d’arbitre ...

            Dans cette nouvelle configuration où doit être exclu tout système dominant, toute orthodoxie, en plus des institutions politiques et administratives ordinaires, y compris l’opposition politique, dans le domaine fondamental qu’est le développement, la base a désormais son mot à travers la S.C., les ONG et les Asso. ; toutes sont dès lors de vrais partenaires et de vrais acteurs du développement.

            Grâce à la coopération décentralisée, ils agissent plus efficacement et directement sur terrain. C’est un nouveau processus motivé par toute une prise de conscience permettant à chaque partenaire et acteur de mieux trouver sa place et de mieux agir.

CONCLUSION

            Pour plus d’espoir et de chance de décollage pour les PED, la crédibilité de l’État, institution légitime du pays et de la Nation, sera désormais jugé et reconnu par son effort et sa capacité de se situer en vrai responsable « au milieu du village », non éternellement et aveuglement soumis à l’extérieur, mais de reconnaître, d’encourager, de motiver les différentes composantes de sa population, spécialement celle de la base. Il devra désormais prendre ces composantes de la base pour des vrais partenaires. Celles-ci, au lieu de constituer un frein au bon fonctionnement de l’État (facteurs endogènes négatifs : pratiques informelles incontrôlables, refus et tricherie vis-à-vis de la loi, privatisations à outrance, profits et intérêts extrémistes …), devront être conscientes de leur rôle participatif au décollage de leurs milieux respectifs et du pays en général. Les partenaires internationaux, loin d’infantiliser l’État (facteurs exogènes négatifs), devront eux aussi passer de la mentalité du « paternalisme bienfaiteur et profiteur au vrai partenariat responsable.»

André LELO di Mbumba
Extrait « Le rôle de l’État en cinq minutes »
Boma, RDC
30.4.2021

 
* Cfr François MITTERAND, Discours de La Baule, 20 juin 1990.
 
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